Actualités

URDA, un chien médiateur au lycée dans le journal La Montagne

Par admin raymond-cortat-aurillac2, publié le lundi 27 janvier 2025 10:52 - Mis à jour le lundi 27 janvier 2025 11:56
URDA image intro actualité 2025-01-27_09h48_32.jpg

"On était dissipés mais là, on ne veut pas embêter le chien" : 

Qui est Urda, médiateur canin, dans un lycée du Cantal ?

Le lycée Raymond-Cortat accueille, depuis le mois de décembre, Urda, un labrador d’à peine 2 ans. Dans cet établissement, le jeune mâle d’un calme olympien intègre un plan plus global pour veiller sur la santé mentale des adolescents. Les données théoriques ont laissé place au concret : en pleine sieste dans un cours, il apporte du « réconfort » aux élèves stressés, en aide d’autres à se concentrer, et apaise les interactions entre eux.

"La plupart du temps, il dort. S'il intervient, c'est sur commande. Il ne va pas spontanément monter sur les genoux d’un élève. Il le fait si l'élève le souhaite, dans un objectif précis : apaiser le stress." © Jérémie FULLERINGER

Babines vaguement posées sur le linoléum de la salle d’informatique du lycée Cortat, à Aurillac, Urda écoute d’une oreille la voix d’Hélène Douarre, prof de commerce. Juste au cas où, dans sa narration didactique, sa référente ne prononce son nom. Ses paupières sont lourdes et pourtant, ainsi posé au beau milieu de la salle, Urda travaille. Il exerce son pouvoir sur ces élèves de 1ère Commerce. « L’an dernier, on était dissipés, c’est vrai, dit Pierre en riant. Là, personne ne fait de bruit pour ne pas embêter le chien. On veut bien faire pour lui. » Du silence donc. Mais encore?? « Le fait qu’il soit là, ça me rassure, ajoute Fane. La jeune fille, stressée par le milieu scolaire, se dit « plus apaisée » quand elle vient en cours avec Urda. Les fenêtres extérieures donnent sur la vallée de la Jordanne. Des sources d’eau se déversent depuis la route des crêtes.

Pourtant, les élèves écoutent. Urda canalise la concentration. « Avant, en cours, je pensais à autre chose. Mon esprit partait ailleurs, note Shanna, 15 ans. Je ne sais pas pourquoi, mais Urda m’aide à me concentrer sur le cours. » Le chien ancre cette élève de 2nde dans la réalité. Ses résultats en témoignent. « On avait cours de 16 à 18 heures et honnêtement, la motivation… Mais là, on sait qu’on va le voir. Donc on a plus envie de venir, ça nous aide psychologiquement. » 

L’action du chien s’étendrait même jusqu’à la lutte contre l’absentéisme et le décrochage scolaire.

Selon son emploi du temps, Urda travaille deux nuits par semaine à l’internat. C’est alors Thomas Rouchy, autre référent du labrador, qui le prend en charge. Lui et Hélène Douarre ont suivi une formation spécifique. Lucas y est sensible. « Vendredi, Urda fait ma valise pour le week-end avec moi », s’amuse le garçon qui vit loin de sa famille, dans le nord Cantal. « Et puis, ça fait juste plaisir de le voir dans les couloirs », résume Adrien.

C’est que, dans cet établissement de 450 élèves, Urda est encore tout nouveau. Objet d’amour des lycéens, il vient d’arriver, et crée tout juste sa place. « Le projet s’est construit progressivement, raconte Hélène Douarre. Je forme des chiens d’assistance avec Handi’Chiens. J’ai fait quelques tests, notamment avec Uthor que j’ai eu juste avant. Le chien crée du lien entre les élèves, fédère. » L’enseignante constate aussi « moins de conflits » entre lycéens. 

C’est un chien dressé. Il est très calme, c’est pour ça que je l’ai choisi. La plupart du temps, il dort. S'il intervient, c'est sur commande. Il ne va pas spontanément monter sur les genoux d’un élève. Il le fait si l'élève le souhaite, dans un objectif précis : réduire le stress.

Hélène Douarre (Enseignante et référente d’Urda)

Malgré ses 40 kg, Urda se fait discret. Il n’attire pas l’attention sur lui. Aux intercours, les élèves du lycée sont libres de venir le caresser. « Certains lycéens arrivent en n’étant pas bien, et Urda a ce pouvoir de libérer la parole. Ces chiens peuvent d’ailleurs être formés pour une assistance judiciaire. Dans les tribunaux, ils apportent une aide précieuse dans le recueil de témoignages difficiles. » Et quand Urda ne travaille pas, il rejoint le domicile de sa référente.

Un plan d'actions pour la santé mentale plus vaste

En réalité, Urda, ou plus largement la médiation canine, s’inscrit dans une déclinaison d’actions sur la santé mentale. Le proviseur, François Defrance, n’a pas éprouvé le moindre doute face au projet. « Urda est l’une des réponses que nous avons voulu apporter face au mal-être des élèves », tout comme le sont la salle bien-être, les ateliers de relaxation, ou encore la permanence hebdomadaire d’une psychologue clinicienne.

« Nous faisons face à une recrudescence d’élèves rencontrant des difficultés psychologiques avérées : entre 15 et 20 % de nos élèves sont identifiés avec un trouble psychique. Et force est de constater que les élèves qui interagissent le plus avec Urda sont ceux qui vont le plus mal. Certes, il ne fait pas tout. Mais il a sa place, pour ce qu’il libère de parole, pour ce qu’il apporte de réconfort. »

Sa mission ne s’arrêtera pas au seul fait de sa présence. « Nous avons, au sein de l’établissement, une filière soin et service à la personne. L’enseignant de cette filière pourrait devenir référent, et permettre aux élèves de conduire des activités pédagogiques au lycée avec Urda, dans l’accompagnement et le soin à la personne. » Ainsi le Bac pro rattaché à la filière pourrait colorer le diplôme d’une mention « médiation animale ». 

Action sur le stress

La présence d’un chien en milieu scolaire ou en milieu professionnel permet d’améliorer les apprentissages et la concentration parce qu’en plus d’améliorer le bien-être, elle ancre les individus dans le présent. Mais surtout, l’interaction entre l’humain et l’animal génère diverses hormones positives chez la personne qui caresse le chien. « Il a depuis longtemps été prouvé que la médiation animale réduisait l’isolement social, la dépression et l’anxiété », affirme Marine Grandgeorge, éthologue à l’Université de Rennes et citée par Le Monde, le 5 janvier dernier. Une étude menée par American educational research association, auprès d’une population étudiante, a révélé que caresser un chien ou un chat pendant dix minutes faisait baisser le taux de cortisol, hormone du stress, dans le sang, de manière significative.